GSCOP RUB RECH 2022

Collaboration d'acteurs distribués

La nouvelle donne industrielle et notamment la mondialisation des marchés, la mondialisation des lieux de production et des centres de recherche et développement, la part de plus en plus importante des fournisseurs dans la valeur d'un produit ou d'un service ainsi que le recentrage des entreprises sur le coeur de leur activité, montre que de plus en plus d'acteurs doivent collaborer pour répondre aux besoins des clients.
Ces acteurs sont souvent distribués géographiquement ; ils peuvent avoir des passés industriels, des métiers et des cultures différents. Ils peuvent être membres d'une même entreprise ou d'entreprises différentes. Ceci conduit à de nouvelles questions de recherche que ce soit en conception de produits ou gestion des systèmes, questions provenant de la complexité du système par le nombre, la distance et la disparité des acteurs.

Tout d'abord cette multiplicité des acteurs et des sites conduit à repenser fondamentalement l'activité de conception de produits en intégrant une dimension collaborative et distribuée.

Cette dimension est à traiter non seulement au niveau inter-métiers mais également au niveau inter entreprise pour rendre compte de tous les acteurs impliqués dans  la « design chain » support au processus de création de l'offre produit et /ou service. La performance se joue beaucoup dans la qualité des interfaces que les acteurs auront su mettre en œuvre au sein de cette chaine.
Ainsi, de nouveaux modes de communication, d'échange et de partage d'information, de coordination et de coopération entre acteurs sont à imaginer et soulèvent un certain nombre de questions. Au niveau des différents métiers impliqués et distribués géographiquement,  quels sont les dispositifs à mettre en place pour faciliter la co-construction de solutions en intégrant dès que possible les contraintes de production et de développement durable, sachant que le produit n'étant pas encore conçu, l'incertitude et l'ambigüité sont au cœur des échanges et des prises de décision.

Au niveau inter-entreprise, comment une équipe projet peut-elle mener son processus de décision quant à l'intégration ou non de fournisseur en conception ? Comment sélectionner le fournisseur en tenant compte à la fois de la politique achats et des besoins du projet ? Comment s'assurer du succès de la collaboration avec le fournisseur choisi et l'équipe projet?  

Une fois le produit conçu, les différentes entreprises contribuant à la mise sur le marché d'un produit fini forment ce qui est appelée la « Chaîne Logistique » ou  « Supply Chain » (signalons que comme pour les contraintes de production il serait important d'intégrer dès la conception les contraintes logistiques). Tout comme dans la « design chain », les performances se jouent beaucoup dans la qualité de la coordination des acteurs d'une chaîne.
De nouveaux modes de coordination et de partage d'information sont donc également à définir. Mais bien entendu, se pose la question du profit global de la chaîne par rapport aux profits de chacun des acteurs et des incitations à développer pour que chaque acteur puisse contribuer au profit global, sans fragiliser sa position. Par ailleurs, le développement de la logistique rend les travaux sur le transport (approvisionnement et distribution) encore plus importants. De nouveaux problèmes d'optimisation (production/transport par exemple) fortement combinatoires apparaissent. Bien entendu, le contexte de développement durable rend d'autant plus critique ces activités de transport fortement émettrices de CO2 et au-delà de l'optimisation des architectures actuelles, des réflexions plus structurelles sur de nouvelles organisations des transports et plus généralement de la chaîne logistique sont indispensables.

Signalons que cette problématique de la collaboration d'acteurs distribués est largement présente dans le cadre de projets phare du site grenoblois pour le plan campus. En effet dans le cadre du projet PILSI (Pôle International Logiciels et Systèmes Intelligents), un groupe de travail porte sur les « Logiciels pour Organisations Ouvertes » s'intéressant donc à ces collaborations entre acteurs plutôt sous l'angle outils logiciels. Ce thème sera aussi fortement présent dans le projet INNOVACS et la structure fédérative associée, cette fois-ci sous l'angle des nouvelles organisations à mettre en œuvre.